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Coyote Mag : COMMENT EST NÉE VOTRE VOCATION ET QU’ÉCOUTIEZ-VOUS QUAND VOUS ÉTIEZ PETITE ET ADOLESCENTE ?
Mai Yamane : Cela a commencé avec les berceuses de ma mère (rire)… Ensuite j’ai écouté les disques de ma mère et les disques de tango de mon père, beaucoup de musique traditionnelle japonaise et de la musique classique mais, en parlant de musique symphonique, je préférais les musiques de films. C’était les débuts. Plus tard, je me suis intéressée à la soul music et au rock, des choses comme les Rolling Stones, Janis Joplin… Dans mes premiers groupes on répétait des standards de Janis Joplin et le soir j’écoutais Edith Piaf. J’apprécie aussi bien la douceur que l’énergie.

VOUS ÊTES L’UNE DES ARTISTES LES PLUS OUVERTES AU JAPON…

C’est vrai (rire)… Je n’ai pas de frontières, pas de limites.

AVEZ-VOUS EU ACCÈS À UNE FORMATION CLASSIQUE DANS UN CONSERVATOIRE ?

Non, j’ai appris à chanter en écoutant des disques. Dès mon enfance, chanter a pris une signification particulière. On se sent souvent seul ou incompris à l’adolescence. En chantant j’exprimais mes sentiments, c’était un moyen de régler ses problèmes, de se sentir heureux. La musique n’a pas de sens en elle-même pour moi. Ce n’est pas un objet d’étude. C’est une façon d’exprimer des sentiments en direct, d’où la raison pour laquelle je n’ai pas eu besoin d’apprendre ou de rationaliser la musique, c’est un langage qui faisait déjà partie de moi.

VOUS PARLIEZ DE JANIS JOPLIN, YA-T-IL EU UN VRAI MOUVEMENT HIPPIE AU JAPON ?

Avant de vous répondre, j’aimerais vous demander comment est venue la culture hippie en France ?

ELLE A ÉTÉ À PEU PRÉS SIMULTANÉE AU MOUVEMENT AMÉRI-CAIN, DEPUIS SA NAISSANCE À L’ÉTÉ 1967 JUSQU’AU MILIEU DES ANNÉES 70.

Dans les années 60, j’étais très petite, je n’ai donc pas vécu cette époque (rire)… Il se trouve que le mouvement “hippie“ connaît actuellement un retour en force au Japon. Mais il ne s’agit pas d’un mouvement purement “hippie“, il s’agit en réali-té plus d’un mouvement de contestation à travers les arts. Beaucoup de ces artistes sont par ailleurs influencés par les idéaux et les musiques de cette époque. Le “Peace and Love“ et l’idéologie libertaire sont à nouveau à la mode. Cela contribue à créer beaucoup d’événements et d’énergie dans les grandes villes du Japon.  Je joue d’ailleurs un rôle important dans ces festivals.

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IL Y ADONC ACTUELLEMENT UNE VRAIE SCÈNE POP FOLK AU JAPON ?

Oui. D’où l’existence de festivals exclusifs autour de ces musiques, il y a un public important pour partager cet univers. C’est comme une grande montagne avec diverses routes qui mènent à un sommet unique.

VOUS VOULEZ DIRE QUE CE MOUVEMENT RASSEMBLE DIVERS STYLES ET PLUSIEURS FORMENT D’EXPRESSION ?

Tout à fait, je collabore souvent avec des poètes, des peintres, des danseurs… et le cercle s’élargit. . Je rencontre énormément de personnes pendant mes concerts et cela débouche très souvent sur des projets artistiques.

POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE L’INFLUENCE DES MUSIQUES INDIENNES ET FRANÇAISES DANS VOTRE TRAVAIL ?

Ce ne sont pas des influences directes. Il s’agit plus d’inspira-tions que d’influences. Il se trouve que ces musiques me touchent. Lorsque je compose, je travaille sur mes expériences, mes ressentis et j’essaie de retrouver les émotions provoquées par ces musiques. J’applique la même démarche sur scène.  Il arrive très souvent que les versions d’une même chanson ne se ressemblent pas. Tout dépend du public, de l’ambiance.

VOS COLLABORATIONS DANS L’ANIMATION, QU’ONT-ELLES APPORTÉ À VOTRE CARRIÈRE ?

Déjà, j’ai pu venir en France et vous rencontrer (rire)… On me demande souvent de chanter mais je fais très attention aux projets, aux concepts, aux motivations. L’un des premiers dessin animés sur lequel j’ai chanté a été BLACK JACK d’Osamu Tezuka. J’avais une grande admiration pour son travail depuis mon enfance. Cela été un grand plaisir même si le morceau ne me plaisait pas énormément (rire). Il était très démodé mais il était important pour moi de participer à ce projet. Ce dessin animé a touché beaucoup de gens, je voulais absolument faire partie de cette aventure.

MACROSS PLUS A MARQUÉ VOS DÉBUTS AVEC YOKKO KANNO…

Ce travail a été ma première rencontre avec Yokko Kanno, qui a eu une importance capitale dans ma carrière. Dès qu’elle m’appelle, je dis oui sans condition, sans même voir les partitions et le texte. Travailler sur un dessin animé ou un disque n’a pas d’importance pour moi. Je fonctionne essentiellement au coup de cœur et à la communication entre moi et le compositeur.

QU’EST-CE QUI VOUS FASCINE CHEZ YOKKO KANNO ?

Selon moi, c’est un génie. Je lui fais confiance les yeux fermés. Yokko Kanno m’a avouée que lorsqu’elle compose, elle croit toujours deviner comment je vais chanter mais j’arrive toujours à la surprendre (rire).
C’est une relation de travail très intéressante. Elle m’a offert des morceaux qui me font décoller. Par exemple, pour Blue, nous n’avons fait qu’une seule prise. La concentration et l’investissement étaient tels que la première prise fut parfaite.

AVEZ-VOUS TRAVAILLÉ SUR LA SÉRIE TÉLÉ GHOST IN SHELL ?

Pas pour cette fois. Je m’occupais de mon groupe, qui a disparu maintenant. Nous n’avons fait d’ailleurs que deux concerts.

AU-DELÀ DE VOTRE COLLABORATION AVEC YOKKO KANNO, EST-CE QUE L’ESPRIT LIBERTAIRE DE COWBOY BEBOP VOUS A SÉDUIT ?

Tout à fait. Le fait de chanter revient à créer une réalité. Mon objectif est de toujours chanter en accord avec mes aspirations, c’est un bon moyen d’être positif. Je ne pourrais pas participer à des créations trop éloignées de mes convictions.

VOUS AVEZ JOUÉ À PARIS AVEC TRÈS PEU DE MUSICIENS, C’EST QUELQUE CHOSE QUE VOUS PRIVILÉGIEZ ?

(rire)… C’était pour des raisons économiques. Cela dit, je suis capable de chanter dans
n’importe quelles conditions, avec un orchestre symphonique, deux musiciens, devant une ou deux milles personnes.

COMMENT AVEZ-VOUS TROUVÉ LE PUBLIC FRANÇAIS ?

Comment le public français m’a trouvée (rire) ?

ILS CONNAISSAIENT UNE PARTIE DE VOTRE TRAVAIL, NOTAMMENT LES GÉNÉRIQUES DE SÉRIES. ILS ONT EU L’OCCASION DE DÉCOUVRIR D’AUTRES FACETTES DE VOTRE TALENT. IL NOUS SEMBLE QU’ILS ONT TOUS ÉTÉ TRÈS IMPRESSIONNÉS.

Cela me fait d’autant plus plaisir que nous avons chanté des morceaux de notre propre composition, qui ne sont donc pas des musiques de dessins animés. En plus, je n’ai pas l’habitude de chanter devant un public étranger qui ne comprend pas le japonais, j’étais très intriguée par le déroulement du concert et comment le public allait réagir à ces chansons. J’ai senti beaucoup de retour de la part du public, beaucoup de joie. Nous sommes très heureux, mes musiciens et moi.

POUR LA PRODUCTION DE VOS PROPRES ALBUMS, VOUS INTERVENEZ À QUEL NIVEAU ?

Je suis auteur, compositeur, productrice, clavier, percus-sionniste… Mais le gros du travail se situe en amont. Nous réfléchissons beaucoup en terme de concept avant d’enregistrer.
Pour la reprise de La vie en rose par exemple, je voulais ré-interpréter ce texte de manière plus universelle et le faire entrer dans le 21ème siècle. Le monde des gens s’arrête souvent à leur personne, alors qu’il est bien plus vaste. Avec ce genre de morceau, j’espère ouvrir les horizons de mon public.

VOUS ÊTES IDÉALISTE ?
Certainement…

SI VOUS EN AVIEZ L’OPPORTUNITÉ, VOUS FERIEZ UN ALBUM EN ANGLAIS, DISTRIBUÉ EN DEHORS DU JAPON ?

Comme je vous l’ai dis, je n’ai pas de frontière, donc bien sûr. J’aimerais partager la joie de la musique avec un public plus vaste, plus cosmopolite.

QUELS SONT LES ARTISTES QUE VOUS APPRÉCIEZ AUJOURD’HUI AU JAPON ?

Je ne connais pas trop les groupes et les idoles, je suppose que nous ne sommes pas de la même génération… Lorsque j’habitais dans le centre de Tokyo, je fréquentais beaucoup l’avant garde pop. J’ai travaillé par exemple avec Yasuharu Konishi de Pizzicato 5.  Mais lorsqu’on habite trop longtemps en ville, le réseau de relation devient trop envahissant. On a besoin de respirer. Désormais, j’habite près du Mont Fuji, à la campagne pour m’isoler et me concentrer sur mon travail. Je n’ai gardé que des contacts utiles. L’idée est ne pas trop se laisser influencer par les tendances de Tokyo et de suivre sa propre voix, d’avoir les idées plus claires.

QUELS SONT VOS PROJETS ACTUELLEMENT ?

Dès que je rentre au Japon, j’ai quelques scènes de prévues avant d’attaquer un nouvel album avec, d’ailleurs, les musiciens qui m’ont accompagnée en France. Mais l’orchestre sera plus grand. Ces musiciens sont issus d’autres formations très intéressantes avec lesquelles je vais collaborer pour un disque et une tournée. Sinon, je suis ouverte à toutes les propositions.

Propos recueillis par Laurent Koffel et Thomas Maksymowicz. Photos Laurent Koffel. Interview publié dans Coyote Mag #5 (février 2003)

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