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Interview

Rencontre avec ZD (SPACE PUNCH) : « Le défi était que ce soit spectaculaire et même un peu surréaliste »

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© by ZD. – Z.D Corp /

Interview time ! Le 4 juin dernier sortait le premier manga de ZD : SPACE PUNCH aux éditions Ankama. Et pour l’occasion notre journaliste Laurent Lefebvre est allé à la rencontre du mangaka afin de connaître tous ses secrets de fabrication entre inspiration et challenge artistique !

© Ankama

Avec un premier tome soigné sous tous les angles, ZD sort du vestiaire pour décocher un bel uppercut dans un registre de shônen d’action, en mode furyos fâchés et néo-justiciers seuls contre tous. Validé par Tony Valente (RADIANT), SPACE PUNCH tient toutes ses promesses et plus encore : il s’agit du meilleur challenger made in France depuis un bail !

Bienvenus à Miraï City, immense paradis bétonné pour criminels en bandes organisées ! Victime de tout le quartier, Joe Kazuma vivote en livrant des nouilles, dans l’ombre de son frère aîné Zack, droit dans ses bottes de flic incorruptible. Mais Zack ne peut stopper la mafia et la corruption à lui seul. Les deux frères ont soif de justice et de mystérieux artefacts légués par leur père vont leur apporter les moyens d’agir, mais aussi un paquet d’embrouilles et de bastons… C’est sur cette base que repose SPACE PUNCH, quant à la suite, c’est ZD en personne qui vous l’explique.

© by ZD. – Z.D Corp /
Comment est né SPACE PUNCH ?

Souvent les auteurs parlent d’un projet qui leur tient à cœur depuis des années ou même depuis l’adolescence mais ce n’est pas le cas de SPACE PUNCH. Le concept m’est venu sur le vif, c’était à l’été 2018. J’avais des envie de création et des univers en tête, dont un en particulier qui s’intitule SPACE CAP, qui aurait demandé un nombre de tomes conséquent. Pour un premier projet, il était plus sage d’opter pour une série courte (prévue en cinq tomes – Ndr). SPACE PUNCH est en fait dérivé de SPACE CAP, dont j’ai par exemple repris des personnages. J’ai peaufiné mes planches et un dossier de présentation pendant cinq mois et peu après je signais chez Ankama Éditions.

SPACE PUNCH, c’est un univers urbain, de l’action et un récit qui tourne autour de thèmes très masculins : la filiation entre un père « modèle » et ses deux fils, la boxe, les furyo et un héros qui vit tout en bas de la chaîne alimentaire, forcé d’encaisser les humiliations. Cette orientation est assez unique pour un manga français…

Ça tient à la fois à mes lectures et à mon parcours. J’apprécie certains mangas de furyo sans non plus en lire des piles, à part SUN-KEN ROCK et PRISONNIER RIKU. Je me suis également inspiré de mes expériences pour développer les personnages principaux, surtout ce qui touche à la famille et à la rivalité entre les frères Kazuma : quand un père est absent, qu’est-ce que ça induit dans les relations entre deux frères ? Et cette idée de « chaîne alimentaire », il est clair qu’elle est très présente dans SPACE PUNCH. D’ailleurs, le pitch du dossier que j’ai présenté à Ankama était : « comment devenir un homme dans cette société où tout t’écrase ? ». Dès le début je voulais qu’on ressente à quel point Joe Kazuma est la victime de tout le monde et qu’il ne se sent pas bien dans ce rôle. Il est perdu, il n’a envie de rien et n’a pas de flamme intérieure.

La diversité et la précision du character-design sont frappantes, tous les personnages se distinguent, dans des registres souvent différents. Même le petit Simon, ou encore n’importe quel furyo qui apparaît dans trois ou quatre cases. Pourquoi mettre autant d’énergie à varier les designs ?

D’abord par nécessité. L’univers urbain de SPACE PUNCH ressemble au nôtre, c’est important que les personnages fassent la différence. En plus, si ils se ressemblent un peu tous comme à l’époque de RACAILLE BLUES, ça fonctionnera moins bien. Je prends beaucoup de plaisir à apporter une touche de fantaisie, un petit truc en plus. Les idées pour exprimer leur personnalité et leur singularité me viennent vite. Le but n’est pas qu’ils soient extravagants, mais d’obtenir un personnage qui se démarque grâce à un minimum d’infos. Simon est simple en soi : une grosse touffe de cheveux et des tâches de rousseur. Souvent, je les pense comme des icônes : par exemple Tama le cuistot, c’est une grenouille.

Est-ce que tu as un processus ou un point de départ commun ?

Alors non, je n’ai pas une « roulette à chara-design » avec des cheveux, des contours de visage, etc (rires). C’est surtout du feeling. Une idée d’un certain type de rendu me vient et j’affine en redessinant. Je me pose aussi la question : de quel type de personnage j’ai besoin ? Que manque t-il à cet univers ?

© by ZD. – Z.D Corp /
SPACE PUNCH a une qualité essentielle pour un manga orienté action : le découpage, les cadrages sont très efficaces, en particulier la course-poursuite à moto, qui s’avère de plus ponctuée de péripéties inattendues…

Ça se décide à l’étape du story-board et c’est mon étape préférée. C’est là que la page prend vie et cela me suffirait, mais les lecteurs préfèrent les dessins finis et encrés, me semble t-il (rires). Mes story-boards sont assez instinctifs, je ne recommence pas des dizaines de fois jusqu’à trouver le cadrage parfait. C’est ce que j’aime avec le manga, il permet ce rendu très cinématographique. Pour ces scènes de course-poursuite, je n’ai pas de références spécifiques à citer, je ne saurais pas dire si le peu de films que je regarde m’influencent ou pas. En tous cas, le défi était que ce soit spectaculaire et même un peu surréaliste. Mais aussi qu’il se passe quelque chose de spécial, parce que cette course-poursuite sert en réalité de tutoriel aux deux héros pour connaître leurs nouveaux pouvoirs.

L’univers de la boxe est très présent : embrouilles dans les vestiaires, séances d’entraînement, sans oublier les gants dont Joe Kazuma hérite…

C’est d’abord pour des raisons personnelles et ça collait bien avec l’univers de SPACE PUNCH. Parmi tous les arts martiaux et les sports de combats, pour moi la boxe anglaise est le plus chevaleresque. Deux gars face-à-face, pas de techniques de jambes, il faut se tenir droit, tout près de l’adversaire. Et puis… j’adore le rendu des combats dans HAJIME NO IPPO, j’avais envie de ça pour ma première série. Toutes mes scènes de boxe sont des hommages à IPPO ! George Morikawa est une grande source d’inspiration, c’est un technicien hors-pair, personne ne sait illustrer la boxe comme lui.

Tu citerais d’autres mangakas parmi tes sources d’inspiration ?

Je suis fan d’auteurs qui ont un sens de l’esthétisme et de la mise en scène très poussé, comme Hiroya Oku (GANTZ), Boichi (SUNKEN-ROCK) et Shin’ichi Sakamoto. ASCENSION est un gros coup de cœur, si je rencontre Sakamoto un jour, je lui demanderai : « Que s’est-il passé dans votre vie pour que votre trait évolue à ce point entre NÉS POUR COGNER et INNOCENT ? ». Cette volonté de perfection, de soigner les détails comme de l’orfèvrerie, c’est fabuleux. Si on parle de récit et de personnages, j’aime particulièrement PRISONNIER RIKU de Shinobu Seguchi, un manga plein d’humanité où tous les personnages sont attachants et bien écrits. Les valeurs de ce manga sont fortes, la narration très nerveuse, je le conseille vivement !

© by ZD. – Z.D Corp /
As-tu dessiné seul ce premier tome ?

Oui parce qu’un assistant c’est de l’ordre du rêve pour l’instant. J’ai donc du concurrencer à moi tout seul un atelier de dix Japonais fous furieux de dessin (rires) ! C’est encore très compliqué d’avoir un assistant en France. Question de budget, déjà : les mangas français ne sont rentables qu’après cinq tomes, au minimum. On ne se lance pas dans le manga pour gagner de l’argent, à part RADIANT et DREAMLAND, je ne vois pas de séries rentables. En plus, le métier d’assistant n’est pas encore une vocation en France. Un dessinateur conscient qu’il a un bon niveau, il veut devenir auteur, pas assistant. Au Japon c’est un chemin classique, mais ici nous n’avons pas ce rapport de maître à élève, de succession.

Est-ce que Tony Valente a été impliqué de près ou de loin dans la création de SPACE PUNCH ?

J’ai lu des articles à ce sujet et simplement pour clarifier les choses : il n’a pas du tout encadré le projet. Avec RADIANT, crois-moi il n’aurait pas eu le temps ! Je lui ai montré le story-board du premier tome, il m’a encouragé à continuer mais je ne lui ai jamais demandé de l’aide. C’est un soutien amical, il valide et je suis fier que mon travail lui plaise.

Dans les pages bonus à la fin du tome, tu racontes comment tu as quitté un travail salarié plutôt avantageux pour te lancer dans le manga, ce dont tu rêvais depuis plusieurs années. Pourquoi raconter cet aspect et pas un autre ?

Bonne question… J’étais en plein bouclage et je ne savais pas quoi faire de ces pages. Raconter ma routine d’auteur ? L’écriture du scénario ? J’ai un diplôme d’ingénieur spécialisé en ergonomie et design, et auparavant je travaillais chez L’Oréal. Cadre ingénieur, c’est une situation qu’on peut envier et mes parents étaient très contents. C’est le métier de mon père et pour moi c’était la voie par défaut. Dans une famille orientale, imagine à quel point ma mère était fière de moi… Mais moi, je galérais parce que je ne pouvais pas envisager devenir auteur contre l’avis de mes parents, par respect peut-être. Le destin m’a un peu aidé : j’étais en CDD et mon contrat n’a pas été reconduit. Ils m’ont dit : « on apprécie ton travail, mais il ne te passionne pas, tu devrais aller vers un métier plus graphique ». Là, il fallait que j’arrête de tourner en rond, on n’a qu’une vie. Mes parents ne comprenaient pas, ma mère pensait que je prenais une année sabbatique pour dessiner un tome, avant de retourner aux choses sérieuses (rires). Aujourd’hui, elle est ma fan numéro un. Et le matin je me lève sans avoir l’impression de perdre mon temps. Je voulais raconter cet épisode de mon parcours, c’est ce que j’avais de plus singulier à dire aux lecteurs. Si des gens vivent la même dualité, et pas forcément vis-à-vis du dessin ou d’un métier artistique, je voulais juste leur dire : voilà, j’ai tenté mon métier passion et j’en suis là, au premier tome.

Entretien réalisé par Laurent Lefebvre

Compte Twitter de ZD : https://twitter.com/ZD_corp

Site des éditions Ankama : http://www.ankama-editions.com/fr

Compte Twitter des éditions Ankama : https://twitter.com/AnkamaEditions

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