Interview
Taro & Jiro, l’interview
Découverts en 2011 à la Japan Expo de Marseille, puis à celle de Paris, Taro & Jiro sont deux frères ayant chacun un pied en Europe et un pied au Japon. Chanteurs-guitaristes doués, auteurs-compositeurs totalement indépendants, ils évoluent hors des sentiers battus et des feux des projecteurs, pour le plus grand plaisir des amateurs d’une musique électro-acoustique simple et franche, une pop-rock lorgnant vers la folk et le blues, jouée avec honnêteté et chaleur. Habitués du festival français Guitare en Scène, ils ont sorti à ce jour quatre mini-albums entièrement autoproduits et méritent vraiment qu’on jette une oreille sur leurs productions mélodiques et dynamiques. En juillet 2011, les deux frères nous avaient accordé une interview que nous reproduisons ici dans son intégralité…
Quels genre d’enfants étiez-vous ? Est-ce que vous avez été intéressés par la musique dès votre plus jeune âge ?
Taro : Nos parents avaient l’habitude d’écouter beaucoup de musique, donc c’est comme ça que je me suis intéressé très tôt à la musique. Après, je pense que j’étais un enfant un peu étrange : j’ai toujours aimé créer des choses… enfin, dans une certaine mesure (rires).
Comment en êtes-vous arrivés à jouer de la musique, à pratiquer des instruments ?
Notre sœur avait une guitare, c’est comme ça que j’ai commencé à pratiquer un peu la guitare. Ma première grande influence était le groupe japonais Yuzu : c’était un duo entièrement acoustique. À l’époque je les trouvais géniaux, et j’ai donc commencé à jouer et à composer sous leur influence.
Pourquoi avoir choisi tous les deux la guitare ?
Jiro : C’est Taro qui a commencé à jouer de la musique. Ensuite, il m’a proposé de l’accompagner : au départ je jouais simplement du tambourin mais ensuite je me suis vraiment intéressé à la musique et j’ai appris la guitare.
Quels sont les autres artistes qui vous ont donné le désir de faire de la musique ?
Taro : Il y en a réellement trois qui nous vraiment inspiré. Tout d’abord Yuzu, ensuite les Red Hot Chili Pepper et enfin Miyavi.
En 2009, vous avez quitté le Japon pour aller vivre et jouer votre musique à Londres. Comment avez-vous eu cette idée ?
Nous avions envie de changement, et surtout de nous mettre au défi d’avoir du succès en Europe avec notre musique. De plus, nous souhaitions apprendre l’anglais… Enfin, l’Angleterre est considérée comme la patrie du rock, et nous avions vraiment envie de tenter l’expérience.
Vous avez commencé à jouer dans la rue, puis dans les pubs… Qu’avez retiré de ces expériences ?
Nous avons appris comment nous produire devant un public, mais nous avons aussi découvert ce qu’était réellement l’âme de la musique : la musique n’est pas faite pour vendre, ce n’est pas un produit, la musique doit appartenir aux gens et toucher leur âme.
Quel est votre meilleur souvenir de votre période à Londres ?
Le dernier concert que nous avons donné dans le pub était vraiment fantastique : car bien qu’il s’agissait d’une musique faite par des Japonais et chantée en Japonais, les gens y ont tous pris beaucoup de plaisir et nous aussi. Cela nous a donné beaucoup de confiance en nous.
Est-ce que le fait d’avoir vécu en Angleterre a eu une influence sur votre musique ?
Oui, absolument ! Nous avons tous deux découvert une nouvelle façon d’aborder la composition musicale. Jiro a trouvé une nouvelle manière de composer des morceaux rock, et moi j’ai appris comment composer des chansons plus lentes et basées sur les émotions.
Pourquoi avoir alors choisi de quitter Londres et de revenir au Japon ?
À cause de nos visas ! (rires) Nous ne pouvions y rester qu’un an…
Est-ce que le fait d’être un duo composé uniquement de deux frères fait une grande différence par rapport aux autres groupes ?
Parfois c’est plus dur et parfois c’est plus facile (rires). Il y a des avantages et des inconvénients.
Jiro : Pour les répétitions c’est plus facile, parce que vu que nous sommes toujours ensemble, nous pouvons répéter toute la journée si on veut.
Taro : En outre, nos influences sont les mêmes, donc nous comprenons tout de suite où l’autre veut en venir, comment il veut jouer et ce qu’il faut faire pour l’accompagner…
Comment travaillez-vous pour la composition des chansons ?
Nous composons tous les deux des musiques et nous écrivons tous les deux des textes. Quand Jiro a des idées, il me les amène lors de nos sessions, ou parfois c’est moi qui lui amène des idées… Ou bien encore, nous composons des chansons chacun de notre côté et nous les terminons ensemble lors de nos répétitions. De toute façon, que ce soit sur disque ou sur scène, nous ne sommes toujours que tous les deux !
Vos textes sont parfois en anglais, parfois en japonais. Comment déterminez-vous la langue dans laquelle vous écrivez vos paroles ?
Lorsque je compose une chanson, j’essaie de décidé à l’avance si elle sera en anglais ou en japonais : cela dépend en fait surtout de la mélodie.
Et de quoi parlent vos textes en général ?
Lorsqu’ils sont en japonais, ils sont évidemment plus faciles à écrire : j’y parle généralement de petites histoires de la vie quotidienne, de ce que je pense et de ce que je ressens. Mais quand j’écris en anglais, c’est plus difficile pour moi, car je ne sais pas toujours si ce que j’écris est correct ou pas ! Donc dans ces cas-là, il n’y a pas de sens particulier : c’est le rythme qui est important. Je ne me préoccupe pas de faire de belles phrases en anglais, mais plutôt d’avoir des mots qui collent bien avec le rythme.
Votre premier album, EMOTIONS, est sorti en 2010. Comment le décririez-vous aujourd’hui ?
Comme son nom l’indique, il contient surtout des chansons émotionnelles.
Jiro : Nous l’avons composé alors que nous étions encore à Londres, donc les chansons sont imprégnées de nos expériences en Angleterre. C’était un peu le concept de ce disque…
Votre album suivant est BROTHERS’ FIGHT. Comment le décririez vous par rapport au précédent ?
Taro : Il est plus rock, plus agressif. Nous avons juste utilisé deux guitares électro-acoustiques… Il est donc plus cru.
Vous avez joué votre premier concert français à la Japan Expo Sud de Marseille : quel souvenir en gardez-vous ?
C’était la première fois qu’on jouait sur une scène aussi grande. Donc ça reste un souvenir très fort !
Quelles différences voyez-vous entre les publics anglais, français et japonais ?
Les publics anglais et français aiment plus les morceaux rock et énergiques. Ils aiment quand ça bouge. Les Japonais sont un peu plus timides, ils n’osent pas trop s’impliquer (rires). Mais ils écoutent très attentivement.
Pensez-vous que votre musique est en général plus européenne que japonaise ?
Je ne sais pas trop : nous avons maintenant tellement de compositions. Certaines chansons sont très japonaises, d’autres sont plus européennes. C’est un peu un mélange : on ne peut pas dire qu’elles sont plus japonaises ou plus européennes…
Quels sont vos souhaits et vos attentes pour le futur ?
Continuer à faire des disques qui nous permettront de jouer un peu partout dans le monde. Nous enregistrons et distribuons nous-mêmes nos CD, donc nous espérons vraiment obtenir un contrat pour nous permettre de mieux diffuser notre musique.
Interview par Christophe Lorentz. Photos Laurent Koffel & Cédric Morin
Site web du groupe : http://tarojiro.com
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