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LE GRAND MÉCHANT RENARD L’INTERVIEW

LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES est sorti au cinéma le 21 juin dernier. L’occasion de vous proposer notre rencontre avec un de ses réalisateurs, le surdoué Benjamin Renner.

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LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES est sorti au cinéma le 21 juin dernier. Ce film réunit trois histoires adaptées des BD de Benjamin Renner, devenu une star de l’animation en France avec son magique premier coup d’essai en long-métrage ERNEST ET CÉLESTINE. Réalisateur de l’un des trois segments, celui qui donne son nom au titre, LE GRAND MÉCHANT RENARD, nous a accueilli dans son atelier parisien et nous a dévoilé l’étrange destin de ce film.

Propos recueillis par Steve Naumann

 

Après le succès d’ERNEST ET CÉLESTINE, pourquoi vous-êtes-vous tourné vers la BD ?

Pour tout dire, l’animation, c’était plutôt abstrait pour moi. La BD en revanche, c’est une chose qui m’a toujours taraudée. Quand j’étais un jeune aspirant dessinateur, je suis allé à Angoulême. Je montrais mes travaux à Trondheim en dédicaces, comme tous les gamins ou les étudiants qui font la queue. Il avait vu des trucs, il s’en foutait un peu, c’était encore très expérimental. Après, j’ai fait La Poudrière (école de cinéma d’animation – ndr), puis, j’ai réalisé ERNEST ET CÉLESTINE. Et après le film, j’étais très fatigué. J’avais envie de faire un projet rapide. Je trouvais que l’animation avait un côté plutôt lourd, surtout le long-métrage, qui t’embarque pour une période de minimum cinq ans. Puis, on m’a beaucoup culpabilisé. « ERNEST ET CÉLESTINE est un grand succès, il faut absolument que tu embrayes, que tu fasses un autre long métrage, sinon, ce sera trop tard pour toi, tu ne pourras plus en faire. » Mais je ne me sentais pas du tout prêt à replonger. J’ai fait fi de tout ça. Ma copine partait à Valence pour un court métrage. C’était parfait, ça me permettait de m’isoler de tous les producteurs. J’ai pu faire ma BD dans mon coin en mode récréation. C’était LE GRAND MÉCHANT RENARD. Et pour être très franc, je ne m’attendais pas au succès qu’elle a eu (l’album a reçu de nombreux prix dont le Prix Jeunesse à Angoulême – NDR), parce que c’était une sorte de suite à UN BÉBÉ À LIVRER (sortie en 2011) qui n’avait pas très bien marché, en particulier à cause du format. Et je m’étais dit que ça allait être pareil. Je suis allé voir Trondheim dans sa collection Shampoing parce que justement c’est une collection modeste. Je savais qu’ils n’allaient pas faire une grosse promotion. J’ai fait ma BD avec le même logique de modestie. En fait, je dois beaucoup aux libraires qui ont soutenu ma BD. Ce sont eux qui en ont fait la promotion. J’espère pouvoir faire des tournées de librairies à l’occasion du film afin de les remercier.

 

Pourquoi la ferme ?

À la base, ce sont des dessins que je faisais pour mes frères et sœurs pour leurs anniversaires et Noël, parce que j’avais la flemme de leur trouver un cadeau. Je leur faisais des BD d’un canard, d’un cochon et d’un lapin qui leur apportaient un gâteau dégueulasse, en gros des petites histoires comme ça. J’avais cet univers-là. Et, en parallèle, j’avais une anecdote d’enfance. J’avais assisté à l’éclosion de poussins dans une couveuse. J’avais très envie de les voir sortir. Et mon père m’avait dit : « Si tu restes et que les poussins te voient, ils vont te prendre pour leur mère. » Et moi, flippé, je me suis dit que je n’étais pas prêt à être maman. Et, à partir de cette histoire, j’ai réfléchi à ce qui peut arriver à un renard qui serait pris pour une mère par les poussins. Je savais que ce serait un renard maladroit. Une sorte de mec qui veut être méchant, mais qui n’y arrive pas. Sûrement parce que c’est un peu mon cas. Je me rends bien compte que ça ne marche jamais quand je veux impressionner des gens. J’ai mis beaucoup de temps, un an, à trouver l’histoire, mais je savais qu’il en sortirait quelque chose si j’assemblais un peu tout ça.

Avez-vous dessiné la BD avec en tête une mise en scène de film ?

Je ne pense pas. Bien sûr, j’ai utilisé la même technique que quand je fais un dessin animé. Je me concentre sur l’action et je fais plein de petits crobars. Mais c’est ma manière de storyboarder. Donc plutôt oui et non, parfois j’y pensais. Je m’étais dit que pour la promo, on pourrait animer le personnage, par exemple. Je voyais très bien comment les faire bouger.

 

Mais alors comment en êtes-vous venu à replonger dans un projet de film d’animation ?

C’est mon producteur Didier Brunner avec qui je traine. Je lui avais donné l’album en PDF avant qu’il sorte. Je ne sais pas pourquoi je lui ai donné, parce que je savais très bien qu’en faisant ça, il allait me demander de l’adapter. Donc, peut-être qu’inconsciemment, je le voulais. Il m’a tout de suite parlé de long métrage. J’ai tout de suite refusé car je sentais qu’il n’y avait pas matière à faire un long. Un court en revanche était plus réaliste. Et il m’a proposé un 26 minutes. Cela rentrait dans une case qui le motivait et il créait sa nouvelle boite, Folivari, après avoir quitté les Armateurs.

Mais, il faut savoir aussi qu’il m’appelait régulièrement pour réaliser une série d’après ERNEST ET CÉLESTINE. Et, je refusais des quatre fers. Il essayait par tous les moyens de me motiver sur le projet. Et à un moment, je me suis dit que ça pouvait être intéressant de faire de l’animation traditionnelle pour la TV. J’étais curieux de proposer un tel projet aux chaines TV, une vraie alternative aux commandes actuelles systématiquement en animation 3D. Mais, très vite, le projet s’est dirigé vers l’animation 3D, et là, ça ne m’intéressait plus du tout.

Et donc, j’ai dit OK pour le spécial de 26 mn. Et, au fur et à mesure de la production, Didier m’a dit que ce serait bien qu’on en ait deux autres, parce que ce serait plus facile de le financer, qu’on pourrait le vendre plus rapidement et boucler de budget. Il avait lu mes deux autres BD. Et je dois avouer que j’avais toujours eu ce fantasme de voir bouger mes premiers personnages. Mais j’ai quand même dit que je ne réaliserai pas les deux autres. J’ai participé à l’écriture et j’ai aidé mon ami Patrick Imbert, mais les deux autres segments, UN BÉBÉ À LIVRER et LE NOËL PARFAIT, ce sont ses films.

 

 

Et comment le projet est arrivé au cinéma ?

Le projet avançait. Et Didier passait la tête en disant : « Ce serait bien de faire un long ! » Je refusais toujours. Ce n’était pas logique. J’avais pas envie de réfléchir à comment lier les trois histoires. Finalement, on a tout fait pour que ça ne soit pas trop artificiel, même si je sais que ça n’est pas un long métrage. Ce sont trois histoires mis bout à bout. Rien que le titre n’est pas très cohérent. Mais ça nous a permis de finir le film dans de bonnes conditions. Je ne regrette pas l’exercice, mais j’avais super peur que ça ne marche pas.

 

Vous aviez adoré travailler avec les Armateurs et que vous aviez dit que vous aimeriez reconstituer l’équipe. Est-ce le cas sur ce film ?

Oui, c’était aussi le but. On a reconstruit ce qu’on avait fait sur ERNEST ET CÉLESTINE, mais avec une économie de production télé. On est passé de 9,6 millions à 2,5 millions à peu près. Même si ça se sent que ça n’est pas la même qualité, on est très satisfait du résultat. On a retrouvé toute l’équipe, même plus. Et ça a été un vrai plaisir de travail. Et artistiquement, ça a été très intéressant de travailler dans ces conditions. La structure est très jeune avec un réel enthousiasme. Les assistants de production étaient à fond. On a pu se permettre beaucoup de choses. Les réalisateurs ont pu driver toutes les étapes du projet car nous avons réuni l’animation du trait et l’animation couleur dans le même bâtiment, cela ne se fait presque plus en animation traditionnel. Didier et Damien Brunner écoutent beaucoup les réalisateurs et les techniciens pour qu’ils travaillent dans les meilleures conditions.

Contrairement à le BD, il y a des décors dans le film. Pourquoi cette décision ?

J’ai essayé, au début, de faire un film sans décor. Mais, finalement, cela donnait un « effet mur » et cela  posait beaucoup de problèmes de mise en scène. Dans NOS VOISINS LES YAMADA de Isao Takahata, il y a ce côté quotidien, sketchs, donc c’était approprié. Ici, on est dans une longue histoire avec beaucoup d’actions. Et j’avais besoin d’enrober le spectateur dans la scène. Mais je ne désespère pas faire un jour un film qui ait ce côté minimaliste. La narration dicte l’artistique. Même dans ERNEST ET CÉLESTINE, j’avais tenté de minimiser les décors. Mais, là, ce sont les décorateurs qui ne le sentaient pas. D’ailleurs, ce sont les mêmes pour LE GRAND MÉCHANT RENARD. Alors, il y a parfois des plans épurés, avec juste une ligne. Mais c’est un peu comme dans WINNIE L’OURSON, dans lequel on rentre petit à petit. Les décors deviennent de plus en plus détaillés. On part du livre jusqu’à ce qu’on soit dans l’univers.

 

Et UN BÉBÉ À LIVRER ressemble à une suite de sketches, c’est voulu ?

La BD UN BÉBÉ À LIVRER avait été fait en totale impro avec mon frère. Sa femme attendait leur fille. Et, régulièrement je leur envoyais des planches qui lui permettrait de savoir où en était sa fille, que c’était un cochon, un canard et un lapin qui s’occupait de le livrer parce que la cigogne s’était plantée. Je lui envoyais des pastilles de sketches. Mais c’est aussi ma manière d’écrire. Je dessine plein de scènes, pas une histoire entière. Puis après je les ficèle les unes aux autres jusqu’à trouver une certaine cohérence.

Il y a encore plusieurs références à l’animation japonaise. Peux-tu nous dire ce que tu as apprécié dernièrement ?

Je dirais tout de suite LES ENFANTS LOUPS, AME ET YUKI, même si ça commence à dater. Ça a été un véritable coup de cœur. C’est un des meilleurs films d’animation tout court que j’ai vu. Il m’a énormément touché, il est d’une certaine finesse. Et, bien sûr, PRINCESSE KAGUYA ou LETTRE À MOMO. Mais mes plus grosses émotions dernièrement, c’est en jeu vidéo. ICO est une des pierres angulaires qui m’a amené à faire de l’animation, SHADOW OF COLLOSSUS, je l’avais attendu comme un fou et ça a été un choc du début à la fin. Et dans THE LAST GUARDIAN, ça fait dix ans qu’on l’attendait, il y a une simplicité et scènes qui restent à jamais en moi. J’ai aussi adoré le début du dernier ZELDA. J’ai toujours envie de me plonger dans un projet jeu vidéo. J’y pense de plus en plus.

 

Et une histoire de Noël qui sort en été ?

Je suis content que ça sorte l’été. C’est le genre de films un peu léger. Je vois le GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES comme un petit bonbon. Il sort le jour de la fête du cinéma. Cela correspond à ce que j’imagine pour le film. Ce n’est pas un excellent film, mais il sort ) un moment où tu as envie de te détendre. En fait, pendant la production, j’ai pensé aux DOUZE TRAVAUX D’ASTERIX ou à LA BALLADE DES DALTONS, le genre de films qu’on ne fait plus trop aujourd’hui. L’histoire est complètement décousue. J’adore ces films depuis tout petit et je les regarde encore aujourd’hui au moins une fois par an.

 

Merci à Robert Schlockoff et à Benjamin Renner pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Toutes les images sont © FOLIVARI / PANIQUE!/ STUDIOCANAL / RTBF (Télévision belge) – OUFtivi / VOO / Be tv

Photo Benjamin Renner © Chloé Vollmer-Lo

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