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Sortis le 2 décembre dernier en exclusivité chez Wild Side, les DVD et Blu-ray de TOKYO TRIBE nous rappellent que Sono Sion est en train de devenir le plus actif, le plus inclassable et le plus audacieux des cinéastes japonais. Adapté d’un manga particulièrement culte de Santa Inoue, traduit il y a plus de dix ans en France, TOKYO TRIBE n’est pas seulement la première comédie musicale hip-hop du monde. Ce film, visuellement baroque, nous invite dans un Tokyo fantasmé où les personnages les plus improbables côtoient des musiciens, où les jeunes talents (Nana Seino) tutoient les comédiens les plus cultes (Riki Takeuchi), où le scénario (une guerre de territoire entre gangs) tente d’exister au milieu de scènes complètement décalées et surréalistes, où même les grands mères ont une « street credibility de ouf ». Rencontré à Paris, à l’Étrange Festival, où il est désormais un habitué, Sono Sion s’est livré sur ce projet particulièrement singulier et osé.

Sono Sion. Photo Laurent Koffel

Sono Sion. Photo Laurent Koffel

Que vous intéresse-t-il le plus dans la comédie musicale et quelles sont celles qui vous ont peut être inspirés ?
Je n’étais pas plus attiré par le genre que cela. Et je pensais d’ailleurs qu’il était impossible de rajeunir ce genre avant de me dire que personne n’avait jamais fait de film musical de rap. Cette idée a rendu le projet très excitant. Pour ce qui est des influences, j’ai essayé de n’en avoir aucune sauf peut être, WEST SIDE STORY, dont la mise en scène, tout en mouvement et avec beaucoup de plan-séquences, est très moderne, encore aujourd’hui. Quand on parle de film de rap, on imagine un montage rapide, avec des images dont le cadre et la dynamique agressent le spectateur. Je me suis plutôt tourné vers des séquences longues et j’ai évité que la musique affecte directement le montage. J’ai veillé à ce que le film reste du cinéma et un clip musical.

Extrait 1

Vous avez dit précédemment ne pas être particulièrement fan de rap. Comment avez-vous intégré les chansons, les textes, à l’écriture de scénario ? Si ce sont bien les musiciens qui ont écrit leurs propres textes, comment les avez-vous guidés ?
Il y avait déjà un scénario, une histoire tout à fait précise. Pour les chansons, je leur écrivais sous forme de poème ce que je voulais exprimer, l’effet que je voulais obtenir, et laissais écrire un rap. Avant le tournage tout était déjà écrit et composé, je faisais diffuser la musique pendant le tournage.

D’accord mais la plupart des rôles principaux sont tenues par des acteurs, des comédiens plus que des musiciens. Comment ont-ils ont abordé la partie musicale de leurs rôles ?
Évidemment, les acteurs n’écrivaient pas les chansons. Ils avaient chacun un coach musical, de rap, pour les guider. Ce fut en particulier le cas de Sometani Shôta. Les vrais rappeurs composaient eux-mêmes. Il y avait même toute une équipe qui supervisait la composition.

Parlez-nous de Nana Seino. Elle a à peine 20 ans et vous lui demandez de se battre, de danser, de chanter de jouer la comédie, des scènes de nu… Comment travaille-t-on avec une actrice avec si peu d’expérience ?
Au moment du tournage, elle n’avait que 18 ans. Le plus important c’était le casting. Ce fut la même chose pour Hikaru Mitsushima dans LOVE EXPOSURE et Fumi Nikaido dans HIMUZU. Elles étaient très jeunes, inconnues, et cherchaient une occasion pour faire leurs débuts. Ces actrices sont toutes à un moment particulier de leur carrière, car au bout de leur deuxième ou troisième film, elles commencent à avoir confiance en elles. Ce que je voulais capter, c’est vraiment cette première lueur, cette étincelle que l’on peut difficilement retrouver plus tard une fois qu’elles commencent à avoir de la bouteille. À la base, Seino Nana est cascadeuse. Jusqu’ici elle avait seulement fait des jobs de doublures pour des actrices célèbres, dans des scènes d’action, avec le visage caché. Elle s’était d’ailleurs présentée au casting pour être cascadeuse, mais je me suis dit qu’elle avait quelque chose, qu’elle avait un talent. Et comme j’avais décidé au départ que je n’utiliserai pas de cascadeur pour ce film, elle était vraiment la personne parfaite pour le rôle. Tout à l’heure, je faisais une pause à l’hôtel et j’ai regardé KICK ASS 2. On remarque dans les scènes d’action les doublures de Chloë Grace Moretz. Cela me refroidit un peu. Personnellement, je veux voir c’est des acteurs qui font eux-mêmes leurs cascades.

Justement, n’était-il pas compliqué de maintenir leur sécurité et ne pas compromettre le bon déroulement du tournage en cas de blessure ?
Un des gros avantages du cinéma asiatique, c’est que les exigences de sécurité ne sont pas du tout sévères. C’est la responsabilité de chacun qui entre en jeux. C’était le cas pour Bruce Lee, Jackie Chan et bien d’autres. C’est à l’acteur d’évaluer la prise de risque et sa propre sécurité. Ceux qui ont peur de se blesser, il ne vaut mieux pas qu’ils fassent ce genre de film.

Young Dais, le rôle titre, pour le coup est un musicien. C’est son premier rôle au cinéma. Est-il un acteur naturel et fut-il facile à diriger ?
Je n’ai pas du tout été fidèle au manga de Santa Inoue mais Young Dais ressemblait complètement à son personnage. Comme il est aussi un rappeur, il réunissait deux conditions majeures pour lui donner le rôle. De plus, il se trouve que c’est un très bon acteur. Je pense que sans lui, ce film n’aurait pas été ce qu’il est.

Parlons maintenant de Ryôhei Suzuki. Expliquez-nous pourquoi il est aussi souvent nu dans le film. Ne l’avez-vous pas traumatisé une deuxième fois après son rôle dans HENTAI KAMEN ?
Je l’avais effectivement vu dans HENTAI KAMEN et je me suis dit « Ah ! C’est bien. C’est un acteur qui se met à nu ». Cela dit, il a joué depuis dans la série la plus populaire de la NHK (HANAKO TO AN), et il devenu aussi l’idole de toutes les mères au foyer japonaises. Donc je pense en terme de traumatisme, il est passé à un autre niveau (Rire).

Comment Mika Kano s’est retrouvée dans la peau d’Erendia ? Comment avez-vous travaillé avec elle pour aborder ce rôle qui est à la fois sulfureux et en même temps drôle et décalé ?
Les sœurs Kano sont des fans de mes films. Au Japon elles sont très connues et apparaissent souvent dans des émissions TV. Elles ont énormément de succès grâce au glamour et à l’ambiance de luxe qui leur collent à la peau. Je me suis dit que Mika Kano serait parfaite pour le rôle. Je lui ai dit de venir tel qu’elle est d’habitude, avec toujours ces vêtements qui coûtent des millions. Elle est effectivement venue en robe haute couture et parée de ses bijoux. Je n’ai presque pas eu à la diriger.

Mika-Kano

Dans le making of de LOVE EXPOSURE, vous avez avoué que c’était votre tournage le plus difficile et le seul pendant lequel vous n’avez pris aucun plaisir. Avez-vous pris du plaisir pour le tournage de Tokyo Tribe ?
En tout cas ce n’était pas que du plaisir car ce fut épuisant. Le tournage n’a duré qu’un mois et c’est très court pur un film de cette taille. Tous les soirs on veillait jusqu’à vraiment tard. Quand on voit le résultat, on a l’impression qu’il y avait une ambiance festive pendant le tournage. En vérité, pas du tout. Je me forçais à être de bonne humeur et à ne pas montrer ma fatigue car cela pouvait influencer les acteurs.

L’auteur du manga, Inoue Santa, a-t-il participé de près ou de loin à ce projet de film ?
Justement, Inoue Santa apparaît dans le film, il a un bandage à l’œil, c’est vraiment une scène courte. Sinon, concernant l’adaptation en film, il n’a fait aucune recommandation. Il m’a laissé vraiment très libre, c’était très confortable pour moi.

Enfin comment vous est venue l’idée du ventilateur géant ?
C’était une idée que je n’avais pas exploiter dans WHY DON’T YOU PLAY IN HELL ? C’était un film d’action, oui, mais surtout un drame. Je m’étais alors dit que dans mon prochain film d’action, je trouverais une place pour cette idée.

Propos recueillis par Thomas Maksymowicz, Traduction Miyako Slocombe.

Remerciements à Xavier Fayet, Benjamin Gaessler et Vincent Lescop.

TOKYO TRIBE / Wild Side / disponible / DVD et BR env. 20 €

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