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À l’occasion de la sortie, pour la première fois en Blu-ray, de GANKUTSUOU, LE COMTE DE MONTE-CRISTO, transposition en animation et en science-fiction du roman d’Alexandre Dumas, nous avons contacté son créateur. Le génial Mahiro Maeda (ANIMATRIX, BLUE SUBMARINE N°6) revient pour Coyote Mag sur cette série au look révolutionnaire et se livre sur son expérience de travail avorté avec George Miller sur MAD MAX : FURY ROAD, ses espoirs pour la suite de la carrière de Hayao Miyazaki et ses récentes expérimentations sur la plateforme JAPAN ANIMATOR EXPO.

Tout d’abord, parce que la question nous brûle les lèvres, comment vous êtes-vous retrouvé sur un anime développé à partir de MAD MAX : FURY ROAD ?

George Miller voulait rebooter MAD MAX sur différents supports pour toucher différents publics. Notamment les plus jeunes spectateurs et il avait décidé de développer la franchise sur trois axes. Il avait en tête un film d’animation et un jeu vidéo dont les intrigues devaient se rejoindre dans le nouveau film. Et il voulait sortir à l’origine les trois créations en même temps. Cela s’est fait un peu par hasard. À l’époque, au début des années 2000, la japanimation commençait à attirer une attention internationale (C’était aussi l’époque d’ANIMATRIX, omnibus de courts-métrages auxquels Mahiro Maeda avait largement contribué – NDR) et George Miller a eu envie de collaborer avec des animateurs nippons. Je devais réaliser le projet en animation 3D et nous avons commencé à développer les trois histoires avec le scénariste Nick Lathouris. Elles se situaient dans le même univers mais à des époques différentes. Comme il s’agit de « fantasy », il y avait tout un monde à imaginer et il nous fallait déterminer comment relier ces trois intrigues.

Emission diffusée au Japon mi 2015 à l’occasion de la sortie de MAD MAX : FURY ROAD dans laquelle Mahiro Maeda déterre des designs imaginés il y a plus de dix ans pour un projet de film d’animation qui n’a jamais vu le jour. De nombreuses idées de designs ont survécu dans le film de George Miller :

Pourquoi le projet est-il finalement tombé à l’eau ?

J’ai fait du développement graphique sur des personnages, des designs, et écrit des traitements… C’était une somme conséquente de travail. Nous avions même finalisé le concept, commencé à dessiner un storyboard, et fait des tests d’animation sur des versions 3D des personnages. Il était clair à ce moment que George voulait créer un long-métrage distribué en salles aux Etats-Unis et il nous a beaucoup soutenu mais la présentation devant les pontes de la Warner n’a pas fonctionné. Ils ont aimé le scénario mais ils nous ont rétorqué qu’il n’y avait pas de marché consistant aux Etats-Unis pour un tel film.

Avec le recul, réalisez-vous que GANKUTSUOU (LE COMTE DE MONTE-CRISTO) est encore aujourd’hui l’adaptation la plus inventive du roman de Dumas ? Comment l’idée vous est-elle venue ?

J’avais toujours voulu adapter en animation THE STARS OF MY DESTINATION (TERMINUS LES ÉTOILES en VF – NDR), roman de SF d’Alfred Bester. J’avais fait les démarches pour en acquérir les droits et on m’a répondu que jamais ils n’en feraient un dessin animé. Et comme Bester s’était inspiré de Dumas pour écrire ce roman de vengeance dans l’espace par ailleurs tout à fait original, je me suis dit que je n’avais qu’à faire la même chose (Rires).

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Le travail sur les textures dans la série fut une innovation graphique surprenante à l’époque. Comment avez-vous imaginé ce procédé ?

J’avais lu le roman dans une version simplifiée quand j’étais enfant et j’ai réalisé, quand j’ai lu pour la première fois le récit original, que c’était bien plus intéressant que je l’imaginais. Du coup, j’ai moins cherché à m’éloigner du roman et j’ai voulu conserver l’ambiance du début du XIXème siècle, une vision du monde proche de cette époque et ne pas me laisser déborder par les éléments futuristes du concept. Seulement, l’intrigue se situe souvent dans des demeures aristocratiques très opulentes, précisément décrite dans le roman et j’ai vite réalisé que ce serait un obstacle pour de l’animation clé. Nous avons beaucoup travaillé pour y arriver mais ce ne fut jamais complètement satisfaisant. J’ai alors testé cette idée de collage rendu techniquement possible et même facile avec l’infographie. Il a fallu nous adapter pour préparer les designs. Pour les recherches, nous avons travaillé comme les stylistes, en agrafant des morceaux de tissus à même nos dessins. Le résultat était surprenant car même s’il s’agissait d’infographie, l’image donnait l’impression d’être traitée à la main avec une vraie sensation de matière et pas une simple colorisation.

 

En quoi, selon vous et avec le recul, pensez-vous que les clips réalisés pour les conventions DAICON en 1981 et 1983 ont affecté l’histoire de la japanimation ?

C’était en effet un tournant mais ce n’est pas à moi de juger si c’est le cas sur le plan artistique. Ce fut un tournant parce que c’était parmi les premiers films faits par des fans et pour des fans. Ils n’étaient pas du tout destinés à être diffusés à la télévision ou au cinéma mais pour être montrés dans une convention et pour faire plaisir à un public très précis. L’accueil fut tel qu’il ont pu être commercialisés en vidéo et ont même trouvé un marché. Je crois que c’est le projet et sa complète liberté créative, plus que le résultat, qui ont fait date.

Les clips DAICON III et DAICON IV furent en effet animés et réalisés par les encore très jeunes futurs fondateurs du studio Gainax dont Hideaki Anno, Yoshiyuki Sadamoto, Hiroyuki Yamaga ou Takami Akai. Mahiro Maeda n’avait pas 20 ans lorsqu’il se chargea d’animer plusieurs séquences de DAICON IV. Ces clips, réalisés en amateur et imprimés sur de la pellicule 8 mm faute de moyens, sont de véritables bandes démos de leurs talents tout à fait insolents. Ils ont profondément marqué toute une génération de fans, d’animateurs en herbe, et préfiguré un style d’animation et une façon d’aborder l’action qui raisonne encore aujourd’hui dans une série comme KILL LA KILL :

Pensez-vous qu’il est aujourd’hui plus difficile d’être novateur et créatif dans l’animation japonaise ?

Je ne le crois pas. Il est vrai que la crise de 2008 a provoqué une grosse baisse des chiffres d’affaires et tout le monde a peur pour les projets qui sortaient un peu de l’ordinaire. Mais ces deux dernières années, les choses reprennent un cours normal, vous ne croyez pas ? C’est particulièrement vrai dans le domaine du long-métrage où la création originale est encore très vivace. Quand à la télévision, elle a toujours été dominée par les adaptations de mangas car elles génèrent toujours beaucoup de merchandising. Cette logique n’est pas plus systématique qu’auparavant. Mais Internet apporte aussi une énorme impulsion créative. Ces productions manquent certainement de moyens mais c’est une branche de l’animation en pleine effervescence et on peut tout à fait imaginer qu’un modèle économique aussi puissant que Netflix s’engage et commence à financer ce vivier d’idées originales.

Comment avez-vous réagi à la mise en retrait définitive de Miyazaki san et l’arrêt de la production du Studio Ghibli ?

En tant que fan, cela me rend triste, et je ne sais pas ce qui va advenir du studio Ghibli. Je pense que cela démontre que le studio avait atteint sa limite dans le marché japonais et la limite des retours sur investissements. La prise de risque et la quantité de travail étaient devenues trop pénibles pour espérer se maintenir. Et au milieu, nous avons Hayao Miyazaki qui est un homme plein d’esprit, de créativité… Personnellement, je pense qu’il a, jusqu’à maintenant, fait preuve de beaucoup de patience. Cela faisait trop longtemps qu’il était déchiré entre réaliser des œuvres qui se vendent et celles qu’il voulait vraiment faire. Je le crois intimement. D’un côté vous avez l’artiste à l’imagination débordante et des envies de créer, et de l’autre il y a l’homme, je dirais même le « père », qui a sous sa responsabilité le plus gros studio du pays avec des employés et des animateurs dont il faut garantir les salaires. Il y a deux personnes qui s’opposent en lui : l’enfant et l’adulte. Évidemment, je suis triste à l’idée de ne plus voir de projets d’aussi grande envergure, impliquant une telle somme de talents. Mais je me dis que maintenant Miyazaki pourra créer des œuvres vraiment plus personnelles, plus fidèles à ce qu’il ressent au fond de lui. Je ne sais pas s’il fera des courts métrages ou autre chose, mais croyez-moi il n’est pas du genre à s’arrêter, il n’est pas fait de ce bois là. Il parle beaucoup, il dit qu’il va prendre sa retraite mais je ne pense pas qu’il puisse vivre sans réaliser de dessins animés. Je lui ai d’ailleurs proposé de réaliser un film pour Japan Animator Expo mais il a catégoriquement refusé (rire).

Justement vous avez participé au projet du studio Khara (le studio d’Hideaki Anno), Japan Animator Expo, qui fait la promotion d’œuvres originales sur Internet. Pensez-vous que ce type d’initiative constitue l’avenir de l’animation ?

Je ne le crois pas. Cela reste une passerelle, un terrain d’expérimentation. Beaucoup de producteurs et de distributeurs ont essayé de lancer des modèles payants de diffusion en ligne (pay per view – NDR) mais cela n’a jamais tout à fait marché. Dès le début, nous avons attaché très peu d’importance à la rentabilité et nous avons imaginé une solution sans véritable business model. Nous sommes juste soutenus par des sponsors. Cela a un avantage : une liberté de création totale, et un inconvénient : cette initiative ne pourra pas durer très longtemps. Mais il faut le voir aussi comme un tremplin. Certains des projets sont la promesse de quelque chose de plus ambitieux qui peut attirer des producteurs et surtout ils permettent de donner leur chance à de nouveaux talents. Donc non, il ne faut pas voir dans Japan Animator Expo un futur mais plutôt un point de départ.

Entretien péparé par Matthieu Pinon, traduction de Nesrine Mezouane, mise en forme Thomas Maksymowicz. Remerciements à Aurélie Lebrun.

 

Voici 西荻窪駅徒歩20分2LDK敷礼2ヶ月ペット不可 (comprendre : « 20 mn de marche depuis la station Nishi-Ogikubo, 2 chambres, salon, salle à manger, cuisine, 2 mois de caution, animaux non autorisés« ), le court-métrage co-réalisé par Mahiro Maeda et Takeshi Honda pour le site Japan Animator Expo où une jeune fille se réveille dans la peau d’un cafard au milieu de son appartement… La densité de l’action, l’inventivité de la mise en scène et la performance de l’animation clef sont à l’image de la plateforme, dont chaque création est un joyau artistique et technique à l’avant garde de l’industrie de l’animation nippone :

http://animatorexpo.com/nishiogikubo/

Attention, le film est actuellement rediffusé sur le site de Japan Animator Expo seulement jusqu’au 31 janvier 2016. Après cette date, il peut être vu, moyennant un doublage étranger peu envahissant (le film comportant très peu de dialogues) en suivant ce lien.

01

Liens utiles :

http://animatorexpo.com

Le détail du coffret Blu-ray du COMTE DE MONTE-CRISTO sur le site de l’éditeur.

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