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En salles depuis mercredi dernier, le film consacré aux aventures des MINIONS est en train de déchirer le box-office planétaire. Un succès mérité pour une franchise animée initiée avec MOI, MOCHE ET MECHANT démontrant les capacités techniques et conceptuelles d’un studio (presque) français, Illumination Mac Guff. Ce fut l’occasion parfaite pour tendre le micro à Pierre Coffin et à son complice dans le crime Kyle Balda lors du dernier Festival d’Annecy, édition qui diffusait un étrange parfum de banane…

Est-ce compliqué de bâtir un scénario cohérent tout en adoptant un principe qui impose un gag presque toutes les 10 secondes comme dans un film des ZAZ ?

Kyle Balda : Il est vrai que dans les deux précédents films, nous pouvions modérer la présence des Minions et nous concentrer sur les personnages principaux sans qu’il viennent polluer l’avancé du récit. Et il est également vrai que, lorsque vous devez gérer une succession permanente de gags, toutes les idées que vous trouvez pour développer des personnages commencent à disparaître. Vous ne savez plus ce qu’ils veulent, quels sont leurs objectifs et leurs personnalités commencent à toute se ressembler. Et cela n’a pas manqué au début du processus. Kévin ne se distinguait pas beaucoup de Bob, ils étaient comme des minions “génériques“. Mais une fois que nous avons déterminé leurs aspects respectifs et décidés de leur personnalité, du moins leurs motivations, nous avons commencé à avoir un embryon d’histoire sur laquelle s’appuyer. Un des principes qu’à imposé Pierre s’est avéré très efficace : Il fallait avoir une idée qui ait du sens dans chaque plan. Cela pouvait être un gag, une attitude ou un élément de décor, peu importe, mais cela nous a obligé à garder une certaine discipline quant à la narration et à ne jamais perdre du vue qu’il y avait une histoire en progression. Évidemment cette histoire est quelque peu absurde mais nous avons essayé de garder un point de vue objectif, voire sérieux, sur l’intrigue, un peu comme si un Minion vous la racontait. Et pour un Minion, cette histoire n’a rien d’absurde. Il fallait donc entrer dans la tête d’un Minion et se garder des espaces pour aller un peu dans toutes les directions.

Pierre Coffin : Vous citiez les ZAZ (Zucker, Abrahams et Zucker, réalisateurs et auteurs de la série de films Y’A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ? ou Y’A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER… ? – NDR) dont je suis évidemment fan mais vous ne pouvez pas raconter une histoire “sérieuse“ avec la méthode des ZAZ et nous devions aussi lutter avec l’attente du public qui, depuis les deux premiers films, est habitué à voir un truc drôle à chaque fois qu’apparaissent les Minions. Nous avons essayé d’écrire 15 ou 20 minutes de film avec ce principe mais très vite, vous vous fichiez complètement des personnages et de ce qui leur arrivait. Nous avons donc fait des gros efforts pour caractériser nos trois héros même si cela signifiait trahir un peu l’esprit des Minions. Ecrire une histoire dans laquelle le spectateur soit un tant soit peu intéressé était à ce prix. Nous aurions pu faire un film avec 90 minutes de gags, nous savons le faire mais cela n’aurait eu aucun sens et nous aurions juste réussi à lasser le public. Il était vital de ressentir quelque chose pour ces personnages.

Il est étonnent en revanche d’apprendre que vous avez commencé à développer l’histoire seulement quand vous avez défini les personnages principaux ?

Pierre Coffin : Nous avions déjà une structure…

Kyle Balda : Nous savions que nous allions suivre l’idée de Brian Lynch, notre scénariste : la quête du méchant suprême et que cette histoire aurait lieu avant leur rencontre avec Gru. Sa première grande idée fut le “Vilain-con“, festival où les Minions peuvent passer des entretiens auprès de “méchants“ professionnels. Puis s’est posée très vite la question du pourquoi ils en sont là et nous avons développé le prologue avec toutes ses références à des personnages célèbres. Il était facile à partir de ce point de faire émerger Kévin qui essaie de réagir face à la déprime générale des Minions. Il recrute deux autres volontaires et nous avions besoin de créer une dynamique complémentaire et des contrastes intéressants entre les trois. Tandis que Stuart est un peu égoïste et faignant, Bob est plein de joie et très puérile.

 

Vous deviez également les différencier sur le plan graphique…

Pierre Coffin : Heureusement d’ailleurs que nous n’en avions que trois à gérer la majeure partie du film. Dès le storyboard, nous avons remarqué que personne ne notait la différence entre des Minions avec un oeil ou deux. S’il avait été cinq, ça aurait été l’enfer… Donc la différence de taille de Bob, ses yeux vairons et son ours en peluche, la guitare de Stuart, ces petits détails aident un peu à mieux les différencier.

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Il existe assez peu d’antagonistes féminins en animation. Êtes-vous partie d’une page blanche complète pour le personnage de Scarlet Overkill ?

Kyle Balda : Elle est apparue dans la première version du script. Plusieurs choses m’ont interpellé. Elle est avant tout très explosive et intransigeante et nous sommes allés un peu trop dans cette direction au début. Elle manquait de subtilité puis Sandra Bullock est arrivée pour enregistrer sa voix et elle a ajouté d’autres facettes comme la séduction ou la fausse innocence. Au final, elle est comme un personnage de conte de fée, à la fois attirante et effrayante. Enfin un autre personnage a pris beaucoup d’importance dans le développement de Scralet : la Reine Elisabeth II. Comme Scarlet veut devenir la Reine pour être admirée et respectée, elle a ce coté un peu bipolaire. Elle se considère probablement comme quelqu’un de cool mais ses instincts maléfiques reprennent toujours le dessus et elle n’y peut rien. Nous devions donc développer ces personnages un peu en opposition.

Pierre Coffin : J’ai beaucoup aimé travailler aussi sur son coté féministe. Dans les années 60, les femmes étaient encore le plus souvent des femmes au foyer et c’était intéressant de présenter le couple Scralet et Herb comme un couple moderne. Pour le coup c’est lui qui reste à la maison tandis qu’elle est cette femme « d’extérieur » très active. On a beaucoup pensé à des figures comme Nancy Sinatra ou Emma Peel qui incarnaient une certaine modernité à l’époque.

Pourtant elle a un look de femme au foyer un peu exagérée et pervertie par sa personnalité. Comment avez-vous choisi son style ?

Pierre Coffin : C’est le fruit du travail d’Eric Guillon, notre génie en design qui a imaginé les Minions. Il a toujours la priorité pour dessiner les grandes lignes de nos univers. Nous avons discuté du personnage avec lui et le producteur Chris Meledandri. Comme je vous le disais, ma référence ultime était le flegme, l’élégance et la désinvolture d’Emma Peel et c’est lui qui a ajouté cette dimension très “american housewife“ sophistiquée avec ses cheveux permanentés et ses robes spectaculaires. Il nous fallait éviter de la rendre aussi immédiatement maléfique que Cruella d’Enfer dans les 101 DALMATIENS.

 

Pour reconstituer le Londres des années 60, avez-vous eu des difficultés à trouver des références pour les couleurs ?

Pierre Coffin : Olivier Adam, notre directeur artistique a acheté une tonne de bouquins et a exploré à fond Internet. Une des ses meilleures trouvailles fut une collection de Life Magazine. Les couleurs des photos imprimées à l’époque étaient particulières, très pastelles. Elles donnaient l’impression que même les extérieurs étaient photographiés en studio. Nous avons essayer de reproduire ce coté un peu cru et artificiel de la lumière des photos de l’époque. Avec toute l’équipe à l’oeuvre sur la lumière, nous avons fait jusqu’à quatre passes pour retrouver le grain et les focales de cette époque. C’est assez subtil. Les spectateurs ne vont pas le voir et se dire « tiens, cela me rappelle ces vieilles photos des Beatles » mais c’est quelque chose qu’il vont ressentir. C’est particulièrement sensible dans la séquence finale de remise des trophées par la Reine.

Justement, le Reine, elle n’est pas très reconnaissable. Comment avez-vous travaillé ce personnage et à quel point Jennifer Saunders a influencé son design ?

Kyle Balda : Son look est pourtant très fidèle à celui de la Reine Elisabeth dans les années 60. Si vous ne savez pas à quoi elle ressemblait plus jeune, ses vêtements parlent pour elles. Mais il est vrai que son visage n’a en effet rien à voir avec la réalité (rire). Jennifer Saunders a complètement développé ce personnage qui a besoin de relâcher la pression en privée. Elle a apporté ce rire ponctué par un grognement, et Brian Lynch a écrit la scène du pub où elle se pochtronne royalement (rire).

Pierre Coffin : Au départ, son design était plus réaliste mais cela ne fonctionnait pas dans notre monde. Nous avons ainsi a un peu forcé la main à notre équipe de modelage pour y aller à fond avec la “dentition à l’anglaise“ et elle est devenue tout de suite ce personnage issu d’un film des studios Aardman. Nous venions de comprendre leur secret ! Comment Aardman font des personnages aussi britanniques ? A cause des dents bien sûr ! (Rires). Du coup, nous avons un peu systématisé ses dents proéminents chez tous les figurants qui peuplent les rues de Londres.

 

(Attention SPOILER !!), ne lisez ce qui suit que si vous avez vu le film.)

Etait-ce difficile de storyboarder la séquence finale avec le Minion géant et ces énormes différences d’échelles ?

Pierre Coffin : Je ne suis pas certain que nous avons entièrement réussi pour être tout à fait sincère. Au départ, la séquence était découpée de façon complètement différente. Nous avions des points de vue de caméras accrochées à des hélicoptères ou au ras du sol. Le scénario de la scène était aussi plus drôle au début mais nous avions des gros soucis rythme. Il fallait accélérer tout ça et redonner de l’importance au suspense. Après tout Kévin devait traverser rapidement Londres pour aller sauver ses amis prisonniers sur un tas de dynamite. Le storyboard ne fut pas un souci majeur car nous avons beaucoup d’expérience. Il suffit de se poser la bonne question quand à l’idée à faire passer dans le plan. Nous affinons ensuite le cadrage, le choix de la focale au moment du layout. Non, la vraie difficulté dans cette scène fut de calmer les animateurs et ralentir l’animation de la version géante de Kévin. Je pense encore aujourd’hui qu’il bouge un peu trop vite. Nous avons aussi eu du mal à le rendre impressionnant et à trouver les bons cadrages. Nous avions beaux nous repasser des séquences de GODZILLA ou de PACIFIC RIM, cela ne fonctionnait pas vraiment dans le cadre de notre séquence.

Kyle Balda : Il fallait aussi lutter contre l’impression de ville miniature et Pierre a beaucoup insisté pour ajouter des repères qui permettent de rappeler l’échelle du personnage comme des oiseaux et essayer au maximum d’avoir Kévin et des minions de taille normale dans le même plan.

 

Propos recueillis par Max au Festival International du Film d’Animation d’Annecy le 19 juin 2015. Remerciements à Florence Debarbat. Site officiel du film.

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